L'histoire de Jerry : Trouver ma place et mon groupe

  • Jun. 20, 2024

Jerry
Jerry BrownleeSenior Area General Manager, Sodexo États-Unis

J'ai grandi dans une famille de militaires, je me suis habitué aux déménagements - Philadelphie, Canada, Angleterre, Guam. Je sais que je suis homosexuel depuis la classe de 5e, mais je ne voulais pas que cela se sache. J'ai fait mon coming out en première année de fac et c’était important pour moi de profiter de ma propre indépendance. J'achetais tout ce qui était « arc-en-ciel », car j'avais l'impression que cela me permettait d'affirmer mon indépendance et ma liberté nouvellement acquises. Lorsque je suis entré à l'université de Floride, ma seule idée était de partir loin de chez moi. J'ai décidé de devenir avocat et d'étudier le commerce international, mais après un semestre, j’avais déjà perdu tout intérêt pour la matière. J'ai changé quatre fois de spécialité : sciences humaines, éducation, décoration d'intérieur. Il faut croire que mon esprit était ailleurs. 

J'ai fait mon coming out à mes parents en 3e année de fac. Ils ne l’ont pas accepté. Ils m'ont répété que c'était une phase, qu'ils priaient pour moi et que nous allions nous en sortir. Nous ne nous sommes pas parlé pendant presque un an. À ce moment-là, je savais qui j'étais et je ne voulais pas faire de compromis, même pour ma famille.

Pendant cette période d'épreuves, j'ai trouvé un immense réconfort dans la cuisine. Je cuisinais tout le temps pour mes amis à l'université, inspiré par ma mère qui est incroyablement créative aux fourneaux. Mon partenaire de l'époque m'a suggéré de faire une école de cuisine. J'étais sceptique et, il est vrai, plutôt désabusé de ne pas savoir ce que je voulais faire de ma vie.

Trouver la bonne voie

Et pourtant, j'ai décidé de faire un nouveau pas en avant. Dès le premier jour, je suis devenu accro. J'avais enfin trouvé ma passion.


Mes parents pensaient que l'école hôtelière n'était qu'une nouvelle passade. Comment leur en vouloir, sachant que j'ai changé tant de fois de spécialité ? Mais moi, je savais que c'était la bonne voie. La seule école de cuisine de la région était à l'université Keiser, une école de cuisine totalement privée. Je ne pouvais pas transférer ma bourse de l'État de Floride, alors j'ai pris des cours du soir, tout en travaillant dans le télémarketing. Cette fois, c'est moi qui ai payé. Il n’était pas question de faire autre chose, j'adorais ça. Un contraste saisissant avec ce moi d’avant, qui avait du mal à sortir du lit pour aller en cours, qui changeait constamment de spécialité. J'avais besoin de quelque chose pour alimenter ce feu créatif en moi et l'école hôtelière était exactement ce qu'il me fallait.

De cuisinier à directeur général

J'ai effectué mon stage à New York et, une fois diplômé de l'école de cuisine, j'ai déménagé à Dallas, au Texas, où il m'a fallu quatre mois pour trouver un emploi. C'était bien plus difficile que je ne l'imaginais et pourtant, j’avais mon diplôme de cuisinier. J'ai fini par tomber sur une annonce pour un poste de chef de partie pour un client de l’entreprise Eurest. Je n'avais jamais entendu parler de la restauration collective, mais j'ai adoré de ne pas avoir à travailler la nuit ou le week-end et mes économies s’amenuisaient. Cela s'est avéré être l'une des décisions les plus importantes de ma carrière et de ma vie ! 

Je travaillais pour un chef cuisinier qui était assez paresseux. A priori ça commençait mal, mais finalement c’est tout le contraire ! Il m'a tout appris pour qu’il n’ait plus rien à faire. Non seulement en cuisine, mais aussi en gestion d'entreprise. Il m'a envoyé à des réunions régionales auxquelles seuls les directeurs salariés assistaient normalement. En fin de compte, cette expérience m'a permis d'obtenir une promotion au poste de chef cuisinier dans un autre établissement.

J'ai ensuite travaillé pour Guckenheimer, où j'ai pu passer de chef cuisinier à directeur de la restauration à Houston (Texas), et enfin à directeur général à Memphis (Tennessee). À force de déménager dans le monde entier quand j’étais plus jeune, j'ai eu envie de renouveau tous les deux ou trois ans. En recherchant l’étape suivante, j'ai trouvé Sodexo. 

Savoir être à l’aise dans les situations inconfortables

J'ai rejoint Sodexo dans le cadre du programme Right Start. Nous étions plusieurs directeurs généraux et directeurs de district au sein d'une équipe nationale, responsables de l'ouverture de nouveaux sites et, parfois, pour couvrir les périodes de vacances. On pouvait me proposer d’accompagner n'importe quel secteur de l'entreprise, et le premier qui m’a été proposé a été celui des établissements de soins.


J’étais assez stressé à l’idée de rejoindre ce secteur qui était complètement nouveau pour moi, mais cela me donnait tout l'espace nécessaire pour apprendre, comprendre et intégrer les nouvelles informations. J'ai passé un an à accompagner les soins de santé en mettant à profit mes expertises culinaire et de directeur général. J'ai le sentiment d'être sorti grandi de cette expérience, à la fois en tant que leader et en tant que personne.

Par la suite, j’ai vu passer une offre pour un directeur général sénior pour une équipe de 60 personnes. Dans mon précédent poste de directeur général, j’encadrais 10 personnes, c'était donc un grand pas, mais je me sentais capable de relever le challenge.

Trouver l’équilibre

Après trois entretiens, j'ai obtenu le poste. J'étais le nouveau directeur général d'Alcon à Fort Worth, au Texas. Si j’étais confiant pendant les entretiens, j'ai passé les quatre premiers mois sur les nerfs, essayant d'améliorer les opérations et de me familiariser avec la complexité de ce poste très exposé.

C’était sans compter avec l'équipe qui a été absolument géniale, un véritable diamant brut. J'ai adoré le processus créatif lorsque mon équipe se réunissait pour résoudre des problèmes. Nous avions tous des compétences différentes qui se complétaient. Au fil des années, certains sont partis et même revenus, mais le noyau dur de l'équipe est toujours intact. Moi-même, je suis parti pendant le COVID pour soutenir les opérations sur notre région Amérique du Nord, mais dans un rôle différent. Après cette période exceptionnelle, j'ai réuni notre équipe de nouveau, et je suis donc revenu chez Alcon en 2023. Ensemble, j'ai l'impression que nous sommes invincibles et, par conséquent, le site est devenu un centre d'excellence.

J'ai trouvé ici mon univers, ma maison et ma famille.

Par le passé, j'ai souvent été assez réservé et j'ai douté de mes capacités, mais j'ai eu la chance d'avoir des responsables bienveillants et qui m'ont encouragé à me surpasser. J'ai également été tiré vers le haut par tous ceux qui ont douté de moi (intentionnellement ou non), car ce doute m'a poussé à leur prouver qu'ils avaient tort. Avec le temps, je me suis senti plus à l'aise même dans les situations compliquées et j'ai réalisé que, pour m’épanouir, j'avais besoin à la fois d’un cadre et d’un espace de liberté pour ma créativité.

Parfois, les étiquettes ont du bon

Chez Sodexo, j'ai rejoint plusieurs réseaux internes, PRIDE étant le premier auquel j'ai adhéré. Je ne sais pas si c'est dû à la culture que Pride a instaurée au sein de Sodexo, si c'est simplement une époque différente dans notre société ou un peu des deux, mais le niveau d'acceptation que j’ai découvert chez Sodexo est inégalé à ce jour. Le sentiment de pouvoir entrer dans un environnement sans craindre d'être traité différemment est incroyable. Et ce n'est pas parce que j'ai l'impression que Sodexo est exempt de discrimination ou de personnes ayant des préjugés, mais parce qu'il existe une culture de l’inclusion qui fait que si je suis confronté à la discrimination, je suis sûre d'être défendu et protégé.

Pour autant, il reste encore beaucoup à faire. J'ai l'impression que les collaborateurs sur le terrain, qui constituent la majeure partie de notre personnel, ne sont pas autant exposés aux initiatives qui défendent l'inclusion. Ils ne peuvent pas rejoindre ces réseaux. C’est pour cela que cette année, nous avons créé un comité de la diversité, de l'équité et de l'inclusion au sein d'Alcon, afin de pallier ce manque. Cela pour que chacun puisse prendre part à la conversation, s’écouter, mieux se comprendre et où nous pouvons créer une sphère de confiance où les problématiques seront non-seulement discutées, mais des actions pourront être prises.

Certaines personnes détestent les étiquettes, pourtant je pense qu'elles sont parfois nécessaires pour assurer la reconnaissance, la compréhension et l'acceptation. Lorsque j'étais plus jeune, avant et juste après mon coming out, mes parents étaient dans le déni. Le déni est tout le contraire de l'acceptation et le fait d'avoir des conversations en équipe sensibilise les gens et les incite à faire preuve d'ouverture d'esprit ; c'est cette exposition qui mène à la compréhension et à l'inclusion. Notre objectif est l'acceptation universelle et, à l'instar de tous les autres défis que j'ai relevés au cours de ma vie, j'ai l'intention de relever celui-ci avec succès !

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